Rêveur ou mégalomane, Luc Besson a mis en place sa saga de science-fiction en adaptant l’univers de la bande dessinée « Valérian et Laureline » scénarisée par Pierre Christin et mise en images par Jean-Claude Mézières. Il nous propulse en 2740 au gré d’une narration dépourvue de volume dont le maigre intérêt est de donner quelques bonnes répliques au personnage de Laureline qu’il efface pourtant du titre. Proposant un Soap Opera quelconque mais néanmoins amusant, il démontre la vitalité d’une production française apte à rivaliser avec les grosses « machines » vainement commerciales made in USA. Tous les ingrédients sont là, jusqu’à Rihanna : rien de neuf sous les cocotiers de la planète Mül ; un nanar intergalactique.
C’est au rythme de Space Oddity que Besson nous plonge dans l’univers qu’il met en scène : tandis que résonne la voix de David Bowie appelant Major Tom, le réalisateur part de quelques images d’archives en couleur dont le format 4/3 et le grain témoigne d’une époque où prenaient place bien des fantasmes de conquête spaciale. La fiction prend place à mesure que le cadre s’ouvre sur un format panoramique et que les crédits s’inscrivent au générique. Les années défilent alors que le visage de la station internationale Alpha devient intergalactique jusqu’à quitter l’orbite terrestre et au-delà… Bref, le cadre de l’action est contextualisé – entre combinaisons-pyjamas dignes de Star Treck (la série) et une pluralité d’espèces inédites qui flairent bon les effets spéciaux.
A l’introduction répond une autre histoire de mieux contactualiser encore les enjeux qu’il serait bon de dessiner. Nous voilà sur la planète Mül où les habitants vivent en symbiose avec la nature et parlent un idome créé de toute pièce qui n’est sous-titré que lorsque nécessaire. Un paradis dont l’artificialité est trop marquée, témoignant déjà des limites des VFX où l’animation reste de l’animation… Les décors s’imposent comme tels tandis qu’une princesse aux proportions douteuses semble prendre ses bras pour des ailes… Un paradis – tout paradigmatique – bientôt réduit en cendres, mais dont l’élite parvient à s’enfuir laissant la Princesse périr dans les flames.
Nous pouvons enfin recontrer les héros de l’aventure (qui va bientôt prendre place) : Valérian et Laureline. Alors que le jeune homme tente en vain de conquérr le coeur de sa partenaire, il perçoit tel un flash des images de la planète Mül, comme si on tentait d’entrer en contact avec lui. C’est habité par cette vision qu’il attaque sa nouvelle mission. Il doit récupérer un objet, un convertisseur, dont nous connaissons déjà la fonction – car Luc Besson est gentil et anticipe tout questionnement grâce à ses introductions à rallonge. L’action prend enfin place.
Manichéen à souhait, le scénario ne présente guère d’intérêt quant à sa possible résolution : Valérian et Laureline sont des Gardiens de la Galaxie 1.0, nous pouvons donc leur faire confiance pour non seulement mener à bien leur mission, mais aussi identifier les méchants dont il faut se méfier. Quelques rebondissements de-ci, de-là ; les séquences s’enchainent selon un rythme inégal à mesure que défilent les guests de Rihanna à Ethan Hawke en passant par Alain Chabat. Les personnages sont archétypaux – comme dans bien d’autres productions – et les véritables enjeux sont rapidement les sentiments que se portent Valérian et Laureline. Luc Besson semble s’offrir l’univers graphique qui le conduisit à rêver THE FIFTH ELEMENT pour y mettre en scène un Twilight en mode mineur, les couleurs en plus. Il y a pire. Les répliques de Laureline sont quelques respirations tant le personnage a autre chose à défendre et à offrir que ses courbes… mais ça ne sauve pas le film de la vacuité dans laquelle il s’inscrit.
Les effets spéciaux sont plus inégaux que révolutionnaires. Mais n’est-ce pas le risque (et la réalité) de bien des productions aux budgets pharaoniques qui doivent rentrer dans un calendrier commercial ? Il y a des trouvailles, mais l’ensemble paraît (déjà) daté. Un paradoxe pour une aventure qui prend place en 2740 (et qui jamais n’assume ses accents kitsch). Mais il y a surtout une erreur de casting car en portant son choix sur Dan DeHaan et Cara Delevingne qui – et c’est fort heureux pour eux – ne font pas leur âge, Luc Besson paraît mettre en scène des adulescents dont nous peinons à croire qu’ils aient déjà acquis grade et expérience. Ils n’ont malheureusement pas l’aura nécessaire afin d’attiser notre attention – notre curiosité étant réduite dès lors que nous devinons d’emblée la finalité de leurs simagrées -, mais Jennifer Lawrence, Chris Pratt ou Tom Hardy ne devaient pas être disponibles.
Valerian and the City of a Thousand Planets… par cinebel
VALERIAN ET LA CITE DES MILLES PLANETES
♥
Réalisation : Luc Besson
France / USA – 2017 – 137 min
Distribution : Belga Films
Aventure